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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 13:03

Martin Corey est incarcéré à Maghaberry depuis 3 ans sans accusation ni procés


Le mardi 16 avril 2013, Martin Corey, habitant de Lurgan, aura passé trois ans dans la prison de Maghaberry sans qu’aucune accusation n’ait été portée contre lui. Pendant cette période, la police n’a jamais interrogé Martin au sujet de quelque incident, événement lié à son emprisonnement. Mais qui est Martin Corey ? C’est un homme de 62 ans, qui a passé 19 années de sa vie à Long Kash en tant que prisonnier républicain. Il a été libéré par les autorités pénitentiaires en 1992 et a commencé à se reconstruire une vie. C’est un personnage populaire qui vient d’une famille très respectée et travailleuse de la ville.


Mais le 16 avril 2010, la police débarqua à son domicile de O’Neill’s Terrace et lui dit qu’elle avait un mandat d’arrêt contre lui. Martin a été amené au commissariat du PSNI [Police Service of Northern Ireland] de Lurgan, puis transféré à la prison de Maghaberry. Il faut dit qu’il avait désobéi aux termes de sa libération conditionnelle. Lorsque son avocat demanda ce que Martin était accusé d’avoir fait, on lui répondit que c’était une affaire prise en charge par la Sécurité Nationale et que les dossiers n’étaient pas accessibles [‘closed file information’].

Pendant ces trois années, son avocat et autres hommes de droit ont mis en question cette détention illégale à de nombreuses reprises, devant la haute cour de justice. Le lundi 9 juillet 2012, un juge de la haute cour, Seamus Tracy, qui a travaillé à la cour européenne des droits de l’homme, a ordonné la libération immédiate de Martin, avançant le fait qu’il y avait atteinte aux droits de l’homme sous l’égide des sections 4 et 5 de la convention européenne sur les droits de l’homme, et qu’il n’y avait aucune accusation portée contre lui et à sa connaissance. Ce jour-là, j’ai attendu quatre heures devant la prison de Maghaberry avec la famille de Martin, jusqu’à ce qu’on nous dise à 16h15 que le secrétaire d’Etat à l’Irlande du Nord d’alors, Owen Patterson, avait refusé l’arrêt du juge et avait bloqué la libération de Martin.

J’étais à 30 mètres de Martin quand je reçus cet appel. Je l’ai vu sortir du panier à salade pour rejoindre le centre de réception, et je l’ai vu remonter dedans pour rejoindre sa cellule. Alors qu’on le faisait remonter dans le van, il s’arrêta, me regarda, et c’est un des moments les plus durs et les plus cruels que j’ai jamais endurés de ma vie.

La loi donne à Martin le droit d’être entendu tous les douze mois par une commission de libération conditionnelle, qui statue sur les raisons de sa détention. On m’y a accepté pour parler au nom de Martin : mais chaque date prévue a été repoussée et annulée, sous divers prétextes. Depuis 18 mois, Martin n’a pas pu bénéficier de cette audience, fait qui est considéré comme illégal par la cour des droits de l’homme à Strasbourg. En ce moment, nous attendons un rendez-vous à la haute cour pour une audience. Martin a connu divers incidents pendant sa détention à Maghaberry. Il a par exemple attendu plus de trois semaines pour un traitement dentaire d’urgence. Il faut savoir qu’un vétérinaire a l’obligation de signaler aux autorités un propriétaire d’animal domestique qui laisse souffrir celui-ci pendant ce laps de temps.

De même, lorsque Martin fit la requête d’une permission pour participer à l’enterrement de son frère, ceci fut refusé par l’autorité pénitentiaire et les tribunaux, sans justification. On ne lui permit finalement de quitter la prison qu’une heure avant le début de la cérémonie, après qu’une requête fut formulée auprès du ministère de la justice, pour des raisons humanitaires. De mon côté, j’ai du faire trois requêtes auprès du médiateur pénitentiaire pour des histoires d’affaires destinées à Martin dans sa cellule. Le médiateur prit ces trois décisions en faveur de Martin, décidant que les affaires lui seraient remises, ce qui le plaça en porte à faux vis-à-vis du Northern Ireland Prison Service qui en avait décidé autrement. Le cas de Martin a été soulevé à la haute cour de Belfast plusieurs fois dans les trois dernières années, sans qu’aucun élément de preuve d’activité criminelle n’ait pu être porté contre lui et constituer une accusation. Si Martin avait été accusé de possession illégale d’arme à feu lors de son arrestation il y a trois ans, il aurait été libéré depuis six mois. Mais on ne trouve aucun nom pour sa détention illégale, si ce n’est celui d’internement sans procès.

Je parle à Martin par téléphone presque tous les jours et je lui rends régulièrement visite dans la prison de Maghaberry : je peux vous assurer que son moral reste au beau fixe, malgré son absence totale de confiance envers le système judiciaire dans le Nord de l’Irlande. Il remercie tous et chacun pour les messages de soutien qu’il reçoit. En ce moment, nous attendons un rendez-vous pour une audience à la cour d’appel de Londres, pour mettre en cause sa détention illégale. Si nous y échouons, nous irons porter l’affaire devant les cours européennes de justice. Nous continuerons de nous manifester auprès de la haute cour de Belfast pour demander à la commission des libérations conditionnelles pourquoi elle n’a pas accordé à Martin le droit d’audience annuel qui est le sien.

Jim McIlmurray, porte-parole de Martin Corey

Demandez à Mme Villiers, la secrétaire d’Etat à l’Irlande du Nord, que Martin Corey soit accusé de quelque chose, ou relâché. Adresse email de Mme Villiers : sos@nio.x.gsi.gov.uk

 

http://liberationirlande.wordpress.com/

 

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